Une hybridation croissante des équipes
Les travailleurs indépendants représentent aujourd’hui près de 13% des actifs, un taux similaire à celui des autres pays de l’OCDE. Avec la popularité du freelancing et la multiplication du nombre de plateformes qui leurs sont dédies, 1,5 million de freelancers sont attendus d’ici 2030. Plus qu’une tendance, le freelancing est aussi une réponse à la pénurie des talents qui touche certains domaines, et un facteur d’innovation et d’agilité devenu indispensable. Selon une étude signée par LittleBig Connection (avril 2023), de plus en plus de travailleurs en freelance se disent attitrés par les grands groupes, notamment en raison de leur offre et de leurs produits.
Ainsi, les équipes hybrides se font de plus en plus fréquentes dans les grandes entreprises, parfois sur des projets au long terme. Les travailleurs externes deviennent alors des membres à part entière des équipes, et la ligne entre entre salariés et indépendants se fait plus floue. De plus, la porosité se fait de plus en plus importante entre les statuts à mesure que les attentes des salariés évoluent en termes d’autonomie. En outre, 60% des micro entrepreneurs français cumulent salariat et freelancing. Cette situation comporte des risques pour le management, causant parfois une baisse de qualité des prestations, un retard des livraisons, ou un risque juridique, mais aussi un risque de perte de compétences en interne pour les ressources humaines. Pour les DRH, il s’agit donc de traiter la sélection, les. critères, le type d’onboarding, l’animation d’équipes hybrides et la sécurisation pour chaque partie du contrat de vente.
LES SOLUTIONS EMERGENTES
Plusieurs solutions émergent sur le marché pour permettre un meilleur encadrement contractuel des travailleurs indépendants. En l’absence d’un contrat de travail, ceux-ci sont souvent en lien avec le service des achats, et non avec les ressources humaines. Ainsi, Mathilde Le Coz, DRH de Mazars France et Présidente du LabRH, appelle à la création d’un poste de Chief Freelance Officer. Pour répondre au besoin de nouvelles règles de gestion pour mieux accueillir et encadrer la flexibilité contractuelle, certaines entreprises dites étendues ou élargies proposent ainsi de un statut intermédiaire entre salariat et entreprenariat. C’est le cas d’Ubisoft, avec le statut de collaborateur. Certains DRH envisagent la création de bases de données dédiées aux prestataires externes, dans le but de mieux les évaluer, et de construire des relations durables avec eux. Kévin Bouchareb, DRH d’Ubisoft, propose également la création d’un systèmes de bonus afin d’encourager la performance des prestataires externes et de les fidéliser.
Sur le plan du management, Mathilde Le Coz insiste sur l’importance de la préparation pour intégrer harmonieusement les freelance aux collectifs de travail en place eu sein de l’entreprise. Il est par exemple important d’intervenir auprès des équipes, en expliquant en quoi l’intervention de prestataires externes n’est pas une démarche concurrentielle, mais complémentaire. Stéphanie Zeppa, Chief Technology Officer de SoLocal, recommande quant à elle des activités de team building intégrant les freelances, des discussions stratégiques hebdomadaires concernant ainsi que des formations accessibles aux prestataires externes. A la poste, selon la logique One Team, les perspectives de long terme présentées aux externes aussi bien qu’aux autres salariés pour la branche courrier-colis. Pour finir, les managers ont aussi un rôle pour à jouer pour mieux accueillir et impliquer le collaborateurs externes. Parallèlement au rôle de responsable hiérarchique d’une équipe de salariés, la création d’un autre rôle, dédié à l’animation d’une équipe hybride/élargie, semble être une piste qu’il est nécessaire d’explorer pour répondre aux challenges de management actuels.
SOURCE
Article rédigé par Marie-Laure Privat
